Le secteur agricole joue un rôle double vis-à-vis du changement climatique : à la fois acteur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi acteur capable de réaliser des absorptions de carbone grâce aux puits naturels (prairies, agroforesterie, sols agricoles…), aux côtés du secteur forestier.
Réduire les émissions produites par le secteur agricole
L’agriculture française s’est dotée d’objectifs de réduction sur les principaux GES qu’elle produit :
- le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) représentent plus de 85 % des émissions du secteur (digestion d’aliments par les bovins et les ovins, stockage de fumiers bovins et porcins, épandage de fumiers ou d’engrais chimiques et les déjections au champ des bovins…) ;
- le dioxyde de carbone (CO2) représente 13 % des émissions (culture des sols drainés, changement d’affectation des prairies permanentes…).
Un développement de toutes les pratiques qui permettent de diminuer les émissions de GES, directement ou indirectement, est fortement encouragé. Par exemple :
- Une gestion adaptée du bétail et des effluents associés permet de diminuer les émissions de méthane des cheptels (par exemple, par la modification de l’alimentation des ruminants, la diminution des périodes improductives ou encore la couverture des fosses) ;
- Une gestion des terres cultivées avec des leviers qui permettent de réduire les émissions de protoxyde d’azote (optimisation de la fertilisation azotée, introduction de légumineuses dans les rotations qui diminuent les besoins en engrais minéraux et permet aussi le renforcement de l’autonomie protéique des élevages ou encore la sélection variétale) ;
- La diminution de la consommation d’énergie du secteur englobe des mesures d’efficacité énergétique et la généralisation de l’usage des énergies renouvelables en agriculture. Le développement de la bioéconomie constitue également un levier important pour réduire les émissions.
Accroitre la captation et le stockage de carbone dans les sols agricoles
Le développement du « puits agricoles » (c’est-à-dire le carbone absorbé par les sols agricoles) est central dans l’atteinte des objectifs climatiques, car il permet de compenser les réductions d’émissions incompressibles dans les autres secteurs de l’économie. Deuxième puits de carbone après les océans, les sols ont un rôle essentiel à jouer, et notamment les sols agricoles et forestiers. Plusieurs pratiques sont en effet reconnues pour leur capacité à maintenir et accroître la captation de carbone :
- le maintien et le développement des haies, des prairies permanentes et des zones humides ;
- l’insertion de cultures intermédiaires, intercalaires et de bandes enherbées ;
- l’introduction et l’allongement des prairies temporaires dans les rotations culturales ;
- l’implantation d’agroforesterie intra-parcellaire et de haies ;
- l’apport de composts ou produits résiduaires organiques, notamment grâce à l’extension du pâturage qui favorise le retour au sol de résidus et déjections.
L’impact positif sur la biodiversité et l’ensemble des écosystèmes
La modification des pratiques agricoles permet de lutter contre le réchauffement climatique et impacte, de manière globale, l’ensemble des écosystèmes :
Par exemple, l’agroforesterie, en plus de stocker du carbone, offre un refuge aux auxiliaires de cultures, apporte de l’ombre et de la fraîcheur aux animaux d’élevage durant les fortes chaleurs, et contribue à diversifier et structurer les paysages.
L’introduction de légumineuses dans les rotations permet de réduire l’usage d’engrais minéraux et contribue ainsi à préserver la qualité des eaux.