Les couverts végétaux d’interculture présentent de nombreux intérêts dans l’agriculture durable :
- protéger le sol contre l’érosion ;
- assurer le contrôle des adventices ;
- améliorer la fertilité du sol en fixant l’azote ;
- augmenter la matière organique ;
- favoriser la biodiversité.
Tous ces effets ne sont pas nécessairement à rechercher en même temps, il faut orienter ses choix en fonction des critères suivants : l’objectif que l’on souhaite donner à son couvert, la rotation, le choix de la culture suivante, la date de semis et le mode de destruction. En les semant sans travail du sol préalable, on augmente les chances de les faire lever.
Découvrez les conseils de Philippe, Agronome chez Cerfrance, pour réussir vos couverts végétaux.
Quels sont les 11 facteurs de réussite ?
- Éparpiller ou récolter les menues pailles : permet de limiter la concurrence des repousses sur l’andain et de ne pas propager les graines d’adventices dans la parcelle.
- Adapter la hauteur des chaumes au semoir :
- si vous disposez d’un semoir à dent capable de ne pas ratisser les pailles, il faudra récolter le plus court possible pour créer un paillis conséquent. Les dents du semoir positionneront les graines sous le paillis, afin de préserver l’humidité résiduelle ;
- si vous disposez d’un semoir à disques, il faudra laisser plutôt les pailles hautes pour qu’elles ne gênent pas la pénétration du disque dans le sol et le positionnement des graines.
- Choisir des espèces qui correspondent à vos objectifs en tenant compte de la culture suivante et de la rotation.
- Mélanger au moins 5 espèces, avec 70% de graines de légumineuses.
- Semer le plus tôt possible après la moisson : même si les plantes poussent lentement à cette période en raison de l’absence de pluie les premières semaines, elles s’enracinent progressivement et lors du retour des pluies la végétation va littéralement exploser. Une centaine de millimètres de pluie de juillet à septembre sont nécessaires à la croissance du couvert.
- Semer à au moins 5 cm de profondeur, quelles que soient les espèces :
- en semant en surface et sur sol sec, on constate une perte plus importante de graines liée au dessèchement lors de la germination ;
- en semant en profondeur, même pour des petites graines, le taux de levée est supérieur.
- Rouler le semis : les levées sont meilleures dans les parties qui ont été roulées.
- Gérer les adventices : en plein été, on peut être confronté à la présence de repousses de céréales et aussi à des levées de plantes estivales (type chénopode, amarante, …) :
- si elles sont présentes au moment du semis, il faudra les détruire chimiquement ou mécaniquement ;
- si le champ est propre au moment du semis, il faudra utiliser le semis direct à dents ou à disques pour éviter de les faire germer ;
- si les adventices sont des vivaces, il faudra diffèrer le semis du couvert pour les détruire correctement.
- Surveiller les limaces : si elles sont présentes, il faudra intervenir avec un biocontrôle de préférence dès le semis.
- Fertiliser avec des effluents d’élevage : en respectant la limite des quantités d’azote autorisées sur dérobée ou couvert, et selon le type d’effluent. Dans ce cas, la Directive Nitrates impose de maintenir le couvert jusqu’au 31 décembre.
- Détruire le couvert à floraison maximum : le rapport Carbone/Azote (C/N) du couvert a un impact sur la libération de l’azote piégé :
- plus celui-ci est élevé, plus on risque de créer une carence en azote sur la culture suivante ;
- plus celui-ci est faible, plus la libération est rapide, ce qui impose qu’une plante soit présente rapidement pour le piéger.
Source : Nicolas Courtois, conseiller agricole suisse pour Agrigenève, expert en agriculture de conservation des sols depuis 13 ans.
Comment utiliser le couvert pour restructurer le sol ?
Les tassements du sol sont fréquents, celui-ci se régénère au rythme de la vie biologique cependant, l’intervention mécanique sera souvent nécessaire pour recréer de la porosité.
L’été est une période propice à la décompaction à condition que le sol soit ressuyé en profondeur. L’effet de la décompaction est plus durable quand il est réalisé sur un couvert en place.
Pour fissurer le sol en août-septembre, il faudra réaliser un semis de 10 kg/ha de Colza ou Moutarde blanche dès la moisson de la céréale. Si la culture suivante est un Maïs par exemple, il faudra détruire ce premier couvert en septembre, pour ensuite semer un nouveau couvert à base de légumineuses d’hiver, afin de couvrir le sol jusqu’en mars.
Comment concurrencer les adventices grâce au couvert ?
Le couvert est un levier pour réduire la concurrence des adventices sur la culture suivante, sans chimie et sans travail du sol. En effet, en l’absence de lumière les graines ne germent pas, entraînant une destruction d’une partie du stock de graines d’adventices. Par exemple, les prairies temporaires sont très efficaces pour venir à bout d’un stock de graines d’adventices en 2 ou 3 ans. Il est donc intéressant d’adapter ce levier dans son système de culture.
Analyse d’une recherche agronomique Suisse sur 29 espèces de légumineuses comparées sur sol nu
Etude complète disponible ici
Photos du 15 février 2024, après couvert de Sorgho fourrager multicoupe et Trèfle incarnat, semé après du Blé et avant du Maïs grain.
Comment réussir l’implantation et le développement du couvert ?
Voici quelques conseils pour réaliser vos couverts dans les meilleures conditions :
- associer 5 à 10 espèces, de 5 à 6 familles botaniques différentes avec des légumineuses ;
- viser une densité à 250 à 300 graines/m² dont 70 % de légumineuses ;
- éviter les espèces présentes dans la rotation ou alors en minorité :
- pas de crucifère si présence d’hernie du Chou ;
- pas de crucifère si le Colza est présent dans la rotation tous les 3 ans.
Culture précédente | Culture suivante | Espèces adaptées | Exemple de mélange | Remarque | |
---|---|---|---|---|---|
Interculture courte sur 90 jours | Blé | Orge | Crucifères, Sarrasin, Phacélie, Nyger, Tournesol, Chia, Lin, Avoine, Sorgho, Millet, Moha, Trèfle d’Alexandrie, Fenugrec | Tournesol 10 Phacélie 1 Radis chinois 1 Trèfle d’Alexandrie 5 Fenugrec 5 Total : 22 kg/ha 300 graines/m² | • Semis le plus tôt possible à la moisson • Pas de crucifère dans le couvert si présence de Colza dans la rotation 1 an sur 3 |
Interculture longue entre 270 à 310 jours | Céréale | Maïs Tournesol Chanvre | Couvert 1 : Crucifères, Sarrasin, Phacélie, Nyger, Tournesol, Chia, Lin, Sorgho, Millet, Moha, Avoine Couvert 2 : Trèfle incarnat, Vesce velue, Féverole d’hiver, Pois fourrager, Seigle d’hiver, Avoine d’hiver | Couvert 1 : Colza 10 Tournesol 20 Couvert 2 : Féverole d’hiver 100 Vesce velue 10 Pois fourrager 20 | • Semis juillet-août puis octobre • Destruction du couvert 1 à floraison • Décompaction entre les 2 couverts si besoin • Destruction du couvert 2 « vert » 1 mois avant le semis |
Des questions, un conseil ?
Notre équipe d’Agronomes peut vous accompagner sur les aspects techniques et économiques pour accroître les performances de votre exploitation agricole, en fonction de vos objectifs.
✏️ Philippe Rabiller – Agronome chez Cerfrance Mayenne – Sarthe